Jours 9 & 10 : Transformation des déchets plastiques

Après avoir passé une semaine sur Henderson à extraire les tonnes de déchets plastiques qui polluent l’île, nous prenons le large à la tombée de la nuit. Cap sur l’île Pitcairn.

Le navire est chargé de sacs remplis de déchets plastiques dont la quasi-totalité a déjà été broyée, lavée et séchée. Maxime et Baptiste ont travaillé sans relâche pour transformer le maximum de matière plastique avant notre départ d’Henderson. Les travaux continueront au mouillage, devant Pitcairn. Nous avons environ 15 heures de navigation devant nous. La mer est belle, la longue houle atteignant 4 mètres de hauteur ne nous secoue pas trop car le bateau est assez petit par rapport à la longueur d’onde de ces vagues venues de l’Antarctique. À bord, l’équipe de Robinsons qui vient de passer 8 jours en autonomie sur la plage reprend contact avec le grand confort qu’offre le navire : douche à l’eau douce et non salée, café fraîchement moulu, fruits frais et matelas en mousse… Un luxe qui pourtant ne nous a pas vraiment manqué durant cette période rustique. Nous avions tous les équipements techniques adaptés à nos besoins, et l’île sur laquelle nous avons habité était très hospitalière. Pas même un moustique pour nous réveiller la nuit. Rien que le bruit des vagues et des oiseaux nicheurs.

À notre arrivée en fin de matinée devant la baie du Bounty, nous recevons un appel radio sur le Canal 16 provenant du maire de la ville, Simon, qui nous prévient de la visite de Brenda, la représentante de la police aux frontières à bord.

Quelques minutes suffisent pour valider les documents administratifs nécessaires à notre entrée sur le territoire, et nous pouvons envoyer un premier convoi vers la terre. Le bateau reste au mouillage à quelques dizaines de mètres du rivage. Pas de quai à Pitcairn, seulement une anse protégée par un morceau de béton qui fait office de port.

On aborde l’entrée du port en Zodiac Milpro. Simon, Yoann, et Alexandre sont à bord. Mais à l’approche de la passe qui mène à la partie protégée, les vagues de 3 mètres déferlent et rendent l’accès visiblement impossible. On s’approche lentement entre deux trains de houle et une fois à proximité, un coup de gaz bien marqué nous permet de nous rendre de l’autre côté du béton avant la vague qui nous rattrape pourtant bientôt.

On manque par deux fois de tomber à l’eau, notre embarcation se pose sur le quai malgré nous avec la force d’une vague et dépose l’avant du bateau à sec alors que l’arrière redescend dangereusement. À terre, les habitants de l’île explosent de rire en nous voyant manœuvrer. Ils nous tendent le crochet d’une grue de fortune installée sur le quai et en quelques secondes, nous hissent au-dessus des remous. On débarque enfin, heureux d’être arrivés à terre sans avoir eu à gonfler nos gilets de sauvetage dans ces eaux vraiment inhospitalières. On s’attendait à rencontrer ce genre de danger aux abords d’Henderson et nous avions, à tort, baissé notre garde !

À terre, on nous réserve un accueil chaleureux et on nous emmène visiter le lieu de stockage des 23 Big Bags que le Silver Supporter a ramené ici. Les habitants nous expliquent qu’ils tiennent à les garder, ils veulent réutiliser les filets pour faire des enclos et les bouées pour les recycler ou les réutiliser. On découvre un lieu de stockage sur les hauteurs de l’île construit en 2019 pour accueillir les déchets d’Henderson. La première expédition qui avait pour but de nettoyer l’île n’avait pourtant rien rapporté, laissant ce hangar vide durant des années.

L’île est équipée d’un gros broyeur à plastique qui n’a jamais été utilisé. On découvre aussi qu’ici, seuls les déchets ultimes sont mis en décharge. Il y a une culture de la récupération des matériaux telle que chaque produit électroménager est désossé entièrement par les habitants avant d’être jeté. Très peu de déchets sont donc récupérés et stockés.

Après quelques échanges avec les habitants, on leur propose de fabriquer du mobilier pour l’île qui pourrait leur être utile. Ils nous proposent de faire du mobilier public à destination des habitants et des touristes et d’y associer un message qui rappelle que ce plastique a été recyclé à partir des déchets de l’île la plus polluée du monde, située à quelques dizaines de miles nautiques de là.

À bord, on se hâte pour terminer le broyage de tous les déchets et on lance l’extrudeuse pour fabriquer les premières planches. Simon a une idée : fabriquer une chaise longue géante et la positionner sur l’un des points de vue de l’île, en direction de l’île d’Henderson.

En quelques heures, Baptiste et Maxime sortent de magnifiques planches brutes que Pamphile retravaille. Pamphile est matelot, mais il a une formation et une expérience en menuiserie. Il se régale avec ces planches qu’il sublime. Avec Simon, il les ponce et les assemble, ce qui les met en valeur et en fait ressortir les morceaux de plastique non fondus de différentes couleurs.

Au total, on aura fabriqué plus de 100 profilés en plastique recyclé et assemblé du mobilier public pour Pitcairn : un banc, une jardinière, un support de ruche, une chaise géante… Le reste du plastique recyclable sera transformé à bord lors d’ateliers de formation prévus dans les îles de Polynésie.

La boucle est bouclée pour le plastique qui trouve une nouvelle vie utile, et doucement, on s’apprête à tourner la page de cette aventure folle de l’Impossible Cleanup de l’île protégée la plus polluée du monde, Henderson.

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