Le rythme habituel se met en place : à 6 heures, la plupart des membres de l’équipe sont déjà opérationnels. Ce matin, c’est le début de la grande collecte et cet après-midi, nous testons le parachute !
Les déchets rassemblés en 2019 et éventrés par le temps ont été extraits hier de l’île. Nous nous rassemblons donc à l’extrémité nord de la plage pour commencer la collecte des « nouveaux » déchets. Nous portons chacun 2 ou 3 sacs de collecte, et nous séparons les différents types de déchets que l’on trouve : plastique dur d’un côté, filets, mousses et polystyrène de l’autre. Un autre grand sac est dédié aux bouteilles en PET (bouteilles d’eau principalement) qui se font plus rares, et on stocke dans un seau les bouteilles en verre, néons et ampoules que nous trouvons.
L’organisation est efficace, la collecte avance bien. Mais à partir de 8 heures, nous nous trouvons piégés dans un véritable four : les falaises abruptes qui bordent le rivage où nous nous trouvons nous protègent complètement du vent. Mais elles réfléchissent aussi la chaleur du soleil qui nous étouffe littéralement. On accélère la cadence pour rester dans cette zone le moins longtemps possible. Chacun porte son eau, et comme les déplacements sont longs pour remplir les gourdes depuis ce point éloigné du camp, on se rationne pour terminer le plus vite possible.
Vers 11 heures, on voit enfin le bout de cette zone. Une petite pause de ravitaillement en eau et en barres énergétiques nous redonne le sourire. Mais il faut y retourner pour charger les big bags sur nos radeaux ! L’effort physique est important, mais le retour est plus agréable car il se fait dans de l’eau à mi-jambes en tractant le chargement de la matinée. La fin de la matinée nous permet d’arriver à la hauteur de notre camp de base, et nous sommes épatés par la vitesse avec laquelle nous avons avancé ! À la moitié de la journée, la moitié de la plage est nettoyée !
La deuxième partie de la journée est consacrée aux essais du parachute, car les conditions météorologiques déclinent et on ne pourra sûrement plus utiliser notre système de plateforme à partir de demain. Dans le cas de vagues trop hautes sur le récif, la plage devient une prison bordée d’un mur infranchissable pour des big bags de 200 Kg. Si la météo dit vrai quant à la houle prévue demain, il faut que l’on soit complètement prêts dès aujourd’hui.
La première tentative a été un échec retentissant : nous n’avions pas assez de puissance avec le bateau qui nous remorquait et le vent ne nous aidait pas à faire décoller l’aile. La voile se gonfle mais retombe à quelques dizaines de mètres du rivage après avoir tenté de hisser le sac positionné au bord de l’eau.
On tente une deuxième fois, et cette fois-ci le système fonctionne presque ! Le bateau tire dans le sens exact du vent, et le big bag s’envole sur quelques mètres avant de ralentir et de se poser sur l’eau, avant le passage du récif. En dessous du sac, nous avons fixé un radeau avec deux flotteurs qui lui permettent de se poser en douceur et de ne pas couler. Chaque manœuvre est longue et intense : le parachute plein d’eau doit être ramené sur le sable, démêlé et préparé à nouveau. Le lien en Dyneema qui relie le parachute au bateau doit être à nouveau établi. Rien que pour réaliser cette étape d’établissement du lien entre la mer et le rivage, nous devons envoyer un drone emprunté à l’un des médiamens et équipé d’un système de largage au-dessus du bateau d’assistance, puis relâcher à quelques mètres au-dessus de l’embarcation un mousqueton relié à un fil de pêche sur lequel Tanguy et Pamphile fixent la remorque que nous la ramenons à la canne depuis la plage ! Mais à chaque nouvel essai, nous devenons plus rapides et plus précis. Il faut s’entraîner avant de ne plus avoir le choix.
En fin d’après-midi, la troisième et dernière tentative du jour fonctionne. La vision du big bag qui s’envole au-dessus du récif est surréaliste. Nous crions de joie ! Le système est éprouvé ! Il sort de la tête de Simon et Thibault, qui avaient évoqué l’idée du parachute ascensionnel sur un ton d’humour il y a quelques mois. Thibault, si tu nous lis depuis Tahiti où tu prépares notre prochaine escale…. Merci ! Ton idée folle a marché !
Une équipe réduite et menée par Morgane a continué la collecte plus au sud pendant ces essais, et au coucher du soleil, la surface située entre notre camp de base et la passe du récif est elle aussi complètement propre. On tourne la tête côté nord et sous les dernières lueurs du jour, on découvre un nouveau paysage : certainement la plus belle plage du monde s’étend devant nous. Les déchets qui la jonchaient quelques heures plus tôt ont tous disparu. Le sable est d’un blanc resplendissant. Même les Bretons de l’équipe qui la comparent à leurs plages préférées s’accordent pour dire que ce sanctuaire que nous venons de dépolluer à la force de nos petits bras est vraiment un joyau unique. Un peu émus, très fatigués mais vraiment heureux, nous rassemblons les équipes autour d’un repas très réconfortant et d’une bouteille de vin rouge que l’on partage à 14, amenée en surprise par Aodren notre cuisinier et Simon, notre chef mécanicien.
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